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L’histoire olympique du Canada est riche en exploits. Il y a eu tellement de moments dignes de mention que nous avons parfois besoin de nous rappeler ce qui s’est passé au fil des ans au fur et à mesure que les médailles s’accumulent. Par exemple, février 2018 a marqué le vingtième anniversaire de la victoire olympique de Ross Rebagliati en planche en neige. Sa victoire est remarquable non seulement pour sa médaille d’or, mais aussi pour la conversation qu’elle a suscitée concernant le cannabis dans le sport.

Février 2018 a également été une date importante pour moi, lorsque j’ai été nommée au Sénat du Canada. Comme M. Rebagliati, les controverses entourant le cannabis étaient sur le point de devenir au centre de mon travail aussi. À l’époque, le Parlement était engagé dans un débat sur le projet de loi C-45, la Loi sur le cannabis, et en tant que membre votant du Sénat, j’avais une décision à prendre : serais-je en faveur du maintien du cannabis comme substance illicite ou devrais-je voter pour que les Canadiens et les Canadiennes soient libres d’acheter et de consommer cette substance comme bon leur semble?

Le pour et le contre de la légalisation du cannabis

Au départ, ma principale préoccupation était que la légalisation normaliserait la consommation de cannabis chez nos jeunes. Pourtant, lorsque nous avons commencé à étudier le projet de loi, il m’est apparu clair que cet enjeu était déjà d’actualité. Un rapport de l’UNICEF de 2013 a révélé que plus du quart (28 %) des Canadiens de 11, 12 et 15 ans avaient déclaré avoir consommé du cannabis au cours de la dernière année, soit le taux de consommation le plus élevé au monde pour cette tranche d’âge.

Les partisans du projet de loi C-45 ont fait valoir que la légalisation permettrait à tous les paliers de gouvernement de contrôler les messages relatifs à cette substance sur les emballages et au moyen d’autres mises en garde contre les dangers pour la santé, tout en réduisant le marché illicite. Influencée par les arguments des experts médicaux et juridiques, j’ai voté en faveur de la législation. Le temps nous dira si c’est la bonne approche, mais pour l’instant, il y a un certain nombre de choses que la population canadienne doit garder à l’esprit à mesure que nous avançons dans ce dossier. C’est particulièrement vrai pour les athlètes et les entraîneurs canadiens, qui doivent se conformer aux nouvelles lois lorsqu’ils participent à des compétitions.

Le cannabis dans le sport

La première considération est la plus évidente : bien qu’il soit légal au Canada, le cannabis demeure techniquement une substance interdite selon l’Agence mondiale antidopage (AMA) et le Programme canadien antidopage. Je dis « techniquement », parce que l’AMA a suivi l’évolution des opinions de la société sur le fond, et c’est tout à son honneur. Actuellement, un sportif testé aurait besoin de plus de 150 nanogrammes par millilitre de sang (ng/ml) de tétrahydrocannabinol (THC), l’ingrédient psychoactif de la marijuana, pour contrevenir aux règles de l’AMA. Pour mettre les choses en perspective, les nouvelles lois canadiennes sur la conduite avec facultés affaiblies fixent la limite à 5 ng/ml. Il y a 21 ans, M. Rebagliati a testé à 17,8 ng/ml.

Bien que la limite de l’AMA soit comparativement plus élevée, il est toujours préférable pour les athlètes de faire preuve de prudence, surtout avant une compétition majeure. Le cannabis reste dans le système plus longtemps que l’alcool. Ses métabolites sont solubles dans les graisses, ce qui signifie qu’ils se lient aux molécules de graisse et mettent plus de temps à quitter le système. La durée de la présence dans le corps peut varier considérablement en fonction de la physiologie de chacun. Alors qu’une personne pourrait être exempte de THC dans les jours suivant sa consommation, une autre pourrait prendre des semaines.

Comprendre les répercussions à l’étranger et au pays

Nos athlètes doivent aussi garder à l’esprit que le Canada est l’un des deux seuls pays à légaliser le cannabis (l’autre étant l’Uruguay). Cela signifie qu’il est interdit de voyager avec cette substance, et se faire prendre pourrait avoir de graves conséquences. Cela comprend les voyages aux États-Unis où la substance demeure illégale au niveau fédéral, bien qu’elle soit autorisée dans certains états. Bon nombre de nos athlètes, de nos employés et de nos bénévoles se rendent aux États-Unis pour des camps d’entraînement et des compétitions. Le fait d’être pris avec n’importe quelle quantité de cannabis par les douaniers américains pourrait entraîner l’interdiction d’entrer dans le pays. Il est toutefois incertain si le simple fait d’admettre avoir consommé de l’alcool ou d’autres drogues pourrait faire en sorte que votre accès soit refusé à la frontière. Mon récent retour de voyages en Asie m’a fortement rappelé les lois très impitoyables et non négociables relatives à la possession de toute drogue illégale.

Même au Canada, il peut être facile d’enfreindre la nouvelle loi.  Bien que le gouvernement ait légalisé le cannabis dans certains cas, il a en fait augmenté les conséquences d’un certain nombre d’infractions. Par exemple, il y a eu beaucoup de débats au Sénat autour de l’idée du « partage social » – c.-à-d. fournir à un membre de la famille ou à un ami une quantité quelconque de cannabis. Bien qu’il ne serait pas juste qu’une personne de 45 ans partage du cannabis avec une personne de 13 ans, la frontière éthique devient plus floue lorsque deux personnes sont proches dans leur âge. Le Sénat a tenté d’adopter un amendement qui aurait réduit les peines si une personne de plus de 18 ans partageait du cannabis avec un mineur né dans les deux ans suivant sa naissance. Le gouvernement n’a pas accepté cet amendement et, en l’état actuel des choses, tout adulte qui fournit du cannabis à un mineur risque la prison. Cela inclurait un jeune de 18 ans passant un joint à un jeune de 17 ans, même s’ils sont nés à quelques jours d’écart l’un de l’autre. Il est important de s’en souvenir, car la majorité de nos athlètes sont jeunes. Ils s’entraînent ensemble, vont à l’école ensemble et socialisent souvent ensemble. Ils grandissent ensemble et, comme la plupart d’entre nous, ils seront exposés à des substances comme le cannabis ou l’alcool dans un contexte social pendant cette période. Il est essentiel que nos jeunes athlètes sachent que, même si le Canada a légalisé le cannabis, il ne l’a fait que dans des circonstances bien précises. Il y a des limites à respecter.

Perspectives d’avenir

La légalisation n’est pas sans embûches, et les lois qui l’entourent seront sans doute modifiées et améliorées au fil du temps. Bien que je rejette l’idée que la légalisation soit présentée comme une sorte de grande expérience, il est indéniable que nous nous dirigeons vers un territoire inconnu. Il incombe à chaque personne de rester au courant des lois telles qu’elles sont rédigées et de décider par elle-même si elle souhaite se procurer et consommer légalement du cannabis. Tous les Canadiens et les Canadiennes feront leur choix en fonction de leur situation, y compris nos athlètes.

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A propos de(s) l'auteur(s)

La sénatrice Martha Deacon est une défenseure de longue date du sport amateur et de l’activité physique et a participé à divers rôles aux Jeux olympiques, aux Jeux du Commonwealth et aux Jeux panaméricains, notamment comme chef de mission aux Jeux du Commonwealth de 2010 à Delhi, en Inde. Elle a été une leader dans le domaine de l’éducation pendant 35 ans avant d’être nommée au Sénat du Canada en février 2018. Madame Deacon est membre du Comité sénatorial permanent des finances nationales et du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.


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